Autres usages du four

En plus de la cuisson du pain, la chaleur du four était également utilisée à des fins très diverses:

  • pendant ou après la cuisson du pain, on prévoyait aussi de la place pour la cuisson des tartes, du pain d'épice, du petit pain aux pommes ou d'autres friandises pour les enfants.
  • la chaleur était également utilisée pour sécher les poires, les pommes et les prunes. Les variétés de poires idéales pour le séchage sont les poires plutôt dures. Elles sont séchées en plusieurs étapes (4 à 5 fois). Elles offrent ensuite une apparence noire et totalement ridée. Les prunes à cuire sont enfournées en dernier, parfois posées sur du papier brun. Pour éviter qu'elles ne se fissurent, la température du four ne peut pas excéder 60°C.
  • sur le dessus du four, on plaçait des semences pour le potager. Dans le four étaient séchés de petits fruits des champs et des graines: des pois, des haricots, du colza, des navettes, etc.
  • dans le four presque refroidi, on pouvait sécher les plumes qui étaient utilisées pour garnir les matelas et les oreillers lorsqu'elles étaient suffisamment ramollies.
  • lorsque le four était tiède, il arrivait que l'on y désinfecte la literie.
  • les personnes qui souffraient de rhumatismes ou de rhumes persistants étaient invitées, disait-on, à se glisser dans le four après le défournage du pain...
  • les pots en terre cuite étaient enfournés dans un four chaud avant leur première utilisation pour éliminer le mauvais goût.
  • les jambons et le lard étaient souvent fumés dans la hotte ouverte du fournil.
  • les outils en fer étaient conservés au sec, tant dans que sur le four.
  • lorsque le four était pratiquement refroidi, l'on y enfournait plusieurs fagots de bois afin de les sécher pour la cuisson suivante.
  • les manches et les cannes étaient chauffés dans le four afin de pouvoir les courber.
  • Jadis, on séchait parfois le lin dans le four avant de le broyer à la macque. En raison du risque d'incendie, cette pratique fut interdite par la loi.
  • Pour améliorer un vin moyen, on mélangeait parfois aux raisins des raisins chauffés au four jusqu'à ce que leur peau se ratatine.
  • On a parfois utilisé le cendrier du four pour cultiver des chicons.

dessiccation des pruneaux (extrait de BOGAERTS: 268)

"A moins d'en avoir l'expérience, d'appartenir à des contrées intéressées à bien dessécher les pruneaux, il est assez rare qu'on fasse cette opération d'une manière satisfaisante. Presque toujours on dessèche trop les prunes, tandis qu'on devrait se borner à enlever à ces fruits leur excès d'eau de végétation afin de pouvoir les conserver non à l'état sec, mais à l'état mou, ce qui est bien différent.

Prenez des prunes tout à fait mûres, lorsqu'elles tombent d'elles mêmes ou par une légère secousse, étendez-les sur des claies et portez-les dans un four après la cuisson du pain.

Le point essentiel, pour avoir des pruneaux aussi sucrés que possible, c'est de les sortir du four à moitié cuits pour les transporter à l'air, les y laisser se ramollir et lacher leur eau. Au bout de quelques heures, on reporte les claies au four et les pruneaux s'achèvent."

dessiccation des plumes dans le four à pain (extrait de MILLET-ROBINET: 2.474)

"Duvet - Il ne faut pas enlever tout le duvet des oies vivantes qu'on plume. Lorsqu'on plume les oies mortes, on arrache d'abord la plume, puis le duvet, qu'on met à part et dont le prix est le double du prix des plumes.

Lorsqu'on veut avoir du beau duvet, de belles plumes, et les conserver en bon état, il faut les mettre dans des sacs sans les fouler, puis placer ces sacs dans un four dont on vient de retirer le pain. Cette espèce de cuisson dessèche le duvet, et détruit tous les insectes qui pourraient s'y trouver; la plume y perd aussi l'odeur assez désagréable qu'elle contracte toujours lorsqu'elle est entassée. On la retire du four quand elle est froide; mais, comme cette dessiccation, en faisant évaporer l'eau que contient la plume, diminue beaucoup son poids, la plupart des cultivateurs s'abstiennent de cette pratique."

Interdiction de sécher le lin dans le four à Diessen, Pays-Bas (1739)

"Is voorgedragen dat verscheyde persoonen alhier haar niet ontsien omme haar vlas in de bakovens te steken en soo te braken en ook des savons in haar huysen by het ligt swongen waar uyt men seer diwils droevige ongelukken van brant siet veroorsaaken, is derhalven goetgevonden en verstaan op drie agtereenvolgende sondaagen alhier aan s heeren gebooden te laaten publiceeren en aan alle en een yder interdiceeren dat geen vlas uyt de ovens sullen hebben te braken, nog savonds by het ligt in haare huyzen sullen mogen swongen op poene van ses gulden by alle en een yder daarover te verbeuren een derden te behoeven van de heeren officieren, een derde ten behoeve van den armen en het resteerende derde part ten behoeve van die geene die de calange doen sal waar toe vorsters, schutters en alle andre wie het ook soude mogen wesen by dezen worden geauthoriseert."

Source: SA Tilburg AA Diessen voor 1811 1f 23v 31-10-1739.

Raisins passés au four (extrait de ODART: 220)

"Pour un bon vin d'ordinaire de provision privée, qui ne se distinguerait pas naturellement par sa délicatesse, je préférerais un moyen d'améliorisation employé par un propriétaire de la communne d'Ordenac (Gironde), dont le vin est d'une haute qualité et exhale une légère odeur de rose, selon M. Cavoleau, d'après lequel je rapporte ce fait: c'est d'ajouter à la vendange quelques claies de raisins passés au four, faiblement chauffés et seulement jusqu' à la dépression de la pellicule; c'est ainsi du moins que je faisais, car M. Cavoleau ne fixe pas le degré de dessication, et je me suis bien trouvé moi-même de ce moyen d'améliorisation, auquel je n'ai renoncé, bien à tort sans doute, qu'à cause de l'embarras inséparables de grandes vendanges. Ce moyen est simple, facile, et n'augmente guère les frais, car à cette époque on chauffe très-souvent le four, et l'on peut profiter de ces occasions fréquentes."

cultiver des chicons dans un cendrier

On a commencé à cultiver les chicons ou endives vers 1850 et cette culture ne s'est répandue que lentement. Ainsi, à Lierneux (prov. de Liège), Adolphe Graff (Chienrue) a été un des premiers à s'y risquer et cela peu avant la deuxième guerre mondiale. Il cultivait ses chicons dans le cendrier de son four à pain, dont il utilisait les cendres pour couvrir les plants.